La culture démocratique se définit comme le désir et la capacité des personnes dans une population à prendre une part active, individuellement et ensemble, au gouvernement des affaires publiques qui les concernent. L’existence d’une culture démocratique au sein d’une population se caractérise par la contribution active, effective et dans la durée, des membres de la société civile au développement : du bien commun, des modalités du « vivre ensemble » et à la construction des décisions collectives.
Une culture démocratique repose sur l’existence chez les personnes de formes d’autonomie de pensée et d’agir. Toutefois, cette contribution des membres de la société civile ne se limite pas au plan individuel. Elle passe par le développement d’interactions dynamiques (spontanées ou structurées) entre les membres de la société civile et de formes adaptées « d’agir ensemble » et de co-responsabilité, en vue de la construction et du maintien du bien commun.
Le développement durable est étroitement lié au développement de la culture démocratique. Celle-ci est en particulier nécessaire dans les contextes de plus en plus nombreux qui sont marqués par la complexité et l’interdépendance des problématiques et des acteurs (environnement, santé, sécurité, protection sociale, développement territorial, développement technique & scientifique, …). Ces contextes se caractérisent par une difficulté croissante à opérer des choix collectifs durables en s’appuyant sur des formes traditionnelles de coordination fondées sur la représentation de l’intérêt général et sur l’expertise scientifique.
Le développement de la culture démocratique s’entend notamment comme la condition d’une meilleure prise en compte du bien commun dans l’exercice des formes démocratiques de représentation et de gouvernement, tout comme dans les activités économiques et le développement technique & scientifique. La pluralité et la diversité des personnes et des groupes au sein de la société constitue, de plus, une ressource essentielle, qui doit être mobilisée pour appréhender et prendre en charge les questions posées à notre société dans la perspective d’un développement durable, ainsi que le souligne par exemple la Convention d’Aarhus dans le domaine de l’environnement.
Le développement de la culture démocratique ne va pas de soi. Il repose sur des formes spontanées et autonomes d’engagement des acteurs de la société civile. Mais il est confronté à de multiples obstacles dans des processus d’expertise et de décision souvent fortement techniques qui ne sont pas conçus pour soutenir et accueillir la contribution de ces personnes et de ces groupes. Il nécessite la création d’un environnement favorable tout au long de la vie des personnes et notamment dans des formes d’éducation qui permettent l’éclosion de cette culture démocratique. Il suppose une montée en compétence des acteurs de la société, leur accès aux sources d’expertise et s’inscrit dans la perspective d’une présence durable de la société civile dans le gouvernement des affaires publiques. Il doit être activement soutenu, accompagné et encouragé par les institutions publiques et privées qui développent leurs activités dans la société. Il implique l’expérimentation de formes démocratiques et coopératives, en fonction de besoins propres à chaque contexte. Il n’est jamais définitif et doit en permanence se redéployer dans des contextes nouveaux au fur et à mesure des évolutions de la vie.