• « Commun, Etat, marché dans les plateformes logistiques »

    Nicolas Raimbault – ATER, Université de Cergy Pontoise 1

    Les plateformes logistiques amènent des réflexions sur les catégories de public et de privé, car c’est un secteur caractérisé par une hybridation entre le marché et l’Etat. La logistique est un secteur économique regroupant des activités gérant les flux de marchandises depuis les premiers éléments de production jusqu’à la consommation finale des produits. C’est un maillon entre l’industrie et le commerce. Les entreprises de prestataires logistiques opèrent dans ces lieux dédiés aux opérations logistiques. Ce secteur représente 10% du PIB des pays développés et 40% de l’emploi ouvrier en Île-de-France. Il s’agit d’un secteur récent, en dynamique émergente, lié au e-commerce. Le développement de ces espaces soulève des enjeux sociaux, environnementaux, politiques.

    Quelles sont les modalités de gestion de plateformes permettant de les gérer en biens communs, notamment par la mise en place d’équipements collectifs ?

    1° Les plateformes logistiques

    Elles regroupent les établissements d’entreprise et les zones logistiques. Ce regroupement permet de concentrer les nuisances et de générer des externalités positives.

    2° Le long de la frontière public/privé de l’aménagement à la française

    Il s’agit d’entrepôts en zones industrielles ou ZAE. Le processus est partagé entre une phase publique et une phase privée. L’aménagement est public ainsi que la vente de parcelles et les équipement collectifs de zones industrielles. Des régulations publiques interviennent également pour la définition générique de biens communs à sauvegarder. Ces installations sont régies par le code de l’urbanisme et le régime des installations classées. La production et la gestion des infrastructures tels que les ports maritimes et fluviaux, les aéroports, les espaces portuaires apportent de nouvelles légitimités pour une production et une gestion portuaires des espaces logistiques.

    3° Construction d’un marché immobilier logistique : privatisation, politisation et nouveaux champs d’intervention publique

    Les plateformes logistiques sont des biens clubs : elles regroupent des prestations immobilières et de services aux entreprises ainsi qu’aux salariés. Une privatisation des politiques locales d’aménagement et de développement économique est en cours, du fait de l’intérêt des petites communes à mettre en place ses installations, étant donné qu’elles n’ont pas les moyens techniques et financiers pour mener le projet. On assiste à l’arrivée d’un acteur privé, dans un monde sans capacité publique, qui gère le traitement paysager et la création d’équipements collectifs. C’est un facteur de politisation : forte visibilité de la plateforme logistique à justifier politiquement.

    4° Mutualisations logistiques : quels communs ?

    Mutualiser l’entrepôt et le transport implique une coopération entre entreprises ou une organisation d’un réseau de fournisseurs par un donneur d’ordre et la territorialisation des activités logistiques. La mutualisation de la main d’oeuvre aboutit à l’importance de l’intérim dans le secteur, le groupement d’employeurs logistiques et la territorialisation des travailleurs de la logistique. Le besoin important en plateformes logistiques est du au renouvellement des modalités de production et de gestion des espaces logistiques entre le marché et l’Etat avec une définition de biens communs potentiels ou menacés par le développement des plateformes. S’agit-il de nouveaux communs en perspective ?

    1 Ce texte reprend l’exposé oral présenté par Nicolas Raimbault au séminaire « Les communs, l’Etat et le marché comme système » du 25 septembre 2015.